Carton bleu | Étude de l’IWEPS Emploi en Wallonie et à Bruxelles : 30 ans pour rien ?

 

La dernière enquête publiée par l’Institut wallon de l’Evaluation, de la Prospective et de la Statistique (IWEPS) est sans appel quant à l’évolution du chômage en Wallonie et à Bruxelles sur ces 30 dernières années.

Bien que la Belgique ait un niveau de chômage inférieur à la moyenne européenne, les différences entre les 3 grandes régions du pays n’ont cessé de s’agrandir depuis 1983 (date référence pour le début de l’étude). D’un écart d’environ 3 points entre la Wallonie et la Flandre en 1983 (respectivement 13,5% et 10,7% de taux de chômage), l’écart aujourd’hui est de 7 points. La différence avec Bruxelles est encore plus alarmante : 12 points de différence.

Le constat dépeint par l’IWEPS sur les raisons de ces différences est tout aussi alarmant que les chiffres eux-mêmes.

L’IWEPS analyse que le chômage en Flandre est un chômage essentiellement frictionnel, c’est-à-dire de court terme. En résumé, il s’agit du temps que passerait un chercheur d’emploi entre deux boulots. Ce chômage est le signe d’une conformité entre demandes et offres d’emplois.

En Wallonie et à Bruxelles, le chômage est essentiellement structurel. Cela signifie un réel déséquilibre entre les offres de travail et les demandeurs d’emplois. L’IWEPS avance quelques pistes pour expliquer ce déséquilibre : « niveau trop élevé des salaires, compétences des travailleurs ne répondant pas aux attentes des entreprises, manque de mobilité de la main-d’œuvre, système d’indemnisation incitant peu au retour à l’emploi, etc. »

De plus, le taux chômage est fortement corrélé aux fluctuations de l’activité économique : on parle alors de chômage conjoncturel. En période de ralentissement économique, les entreprises en  Wallonie et à Bruxelles auront tendance à licencier pour soulager leurs finances, et cela beaucoup plus qu’en Flandre.

Les principales victimes de ces licenciements conjoncturels sont les jeunes qui encourent un risque de chômage trois fois plus élevé que leurs ainés, souligne l’IWEPS. À nuancer quelque peu car, toujours selon l’étude de l’IWEPS, les jeunes éprouvent souvent moins de difficultés à retrouver du travail que la population plus âgée.

Enfin, l’étude met l’accent sur la différence entre les jeunes diplômés et les jeunes sans qualification. La conclusion est assez terrible. Les jeunes sans diplôme sont doublement pénalisés : ils éprouvent plus de difficultés à s’insérer dans le marché du travail et sont souvent les premières victimes des licenciements conjoncturels.

Trois décennies d’inertie… Et maintenant ?

L’avantage principal de l’enquête de l’IWEPS est de prendre une référence dans la durée. En effet,  comparer le taux de chômage sur une période de plus de 30 ans dans un contexte politique et médiatique où le court-termisme est devenu la norme est une démarche plus que louable. À l’heure où certains se félicitent d’une baisse du chômage sur des périodes aussi courtes qu’un mois, ou un trimestre, l’IWEPS remet bien l’église au milieu du village.

Le travail réalisé par l’IWEPS met en avant un autre constat primordial : la formation qualifiante et adéquate reste le meilleur moyen pour les demandeurs d’emplois de trouver un travail.  Les Jeunes MR n’ont eu de cesse de mettre l’accent sur ce point essentiel.

Malheureusement, le constat est là : les 30 dernières années représentent une perte de temps énorme pour la Wallonie mais encore plus pour Bruxelles. Près de 10 ans plus tard, la crise de 2008 ne peut être réutilisée à chaque fois que l’on désire minimiser l’impact d’un taux de chômage élevé. Le temps des excuses est révolu. Les structures des marchés de l’emploi n’ont jamais été adaptées, nos jeunes sont aujourd’hui plus que jamais les premières victimes d’une politique de la stagnation.

Les Jeunes MR l’ont déjà affirmé à maintes reprises, on assiste aujourd’hui à une profonde modification du marché du travail.

La flexibilisation du temps de travail tout comme le nouveau statut d’étudiant/entrepreneur (une des mesures phares de notre congrès Start (me) up !) sont autant de mesures qui offrent de réelles réponses au changement de paradigme auquel nous assistons.

Les orientations choisies par les gouvernements wallon et bruxellois sont inadaptées. Elles sont souvent déconnectées de la réalité du marché de l’emploi.

Les premières mesures d’aides à l’emploi n’entreront en vigueur qu’à la moitié de la législature. C’est pour le moins tardif, que de temps perdu à nouveau. Si les nouvelles mesures semblent simplifier les statuts et les aides dont pourront bénéficier les travailleurs et les employeurs, les postulats de départ sur lesquels elles reposent semblent dater d’un autre âge. Nous ne sommes plus à l’ère du salariat massif, des CDI à perpétuité dans la même entreprise ou des horaires de bureaux fixes. Ces plans n’ont pour but que de rafistoler un rafiot qui coule irrémédiablement alors que c’est d’un nouveau navire dont nous avons besoin.

Le virage numérique mais aussi écologique représente une réelle opportunité pour la Wallonie et Bruxelles d’inverser la tendance du chômage après 30 années d’inertie. Il est temps pour la Wallonie et Bruxelles de franchir le pas de la formation adéquate et projetée vers les métiers d’avenir, seul remède efficace contre le chômage et pour une vraie égalité des chances.

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